Pour aider, il faut aimer!

Il y a longtemps que je souhaitais partir pour une longue aventure comme celle-ci. Un voyage dans un pays en développement, de l’aide humanitaire si possible. Voir le monde et du même coup, explorer comment, ailleurs, on intervient avec les autistes. Voyager, aller dans de nouveaux pays que je ne connais pas encore. Découvrir le Vietnam, ce pays qui me fascine depuis longtemps.

Déjà à mon arrivée à 6 :30, elles étaient au travail, comme de petites abeilles voltigeant partout : arrosant le jardin, nettoyant le terrain, cuisinant, s’occupant des jeunes pensionnaires. J’arrive à l’école Thanh Tam pour prendre mon petit déjeuner, croisant sur mon chemin ces petites abeilles travaillantes, déjà à l’œuvre!  Les enseignants arrivent tranquillement.
7 :00 : Les premiers élèves arrivent.
7 :30 : Un grand coup de gong se fait entendre.  C’est le début de la séance matinale d’exercices!  La plupart des élèves, petits et grands, se rassemblent  afin de suivre ces étirements et exercices qu’une enseignante démontre devant le groupe.
7 :45 : Les élèves se dirigent dans leur classe respective, c’est le début des classes.
L’école Thanh Tam à Danang reçoit environ 200 élèves.  Ce sont les Sœurs de la Congrégation St-Paul qui dirigent cette école spécialisée pour les enfants ayant divers handicaps (surdité, handicap physique, déficience intellectuelle, paralysie cérébrale et récemment troubles dans le spectre de l’autisme).  Elles ont ouvert les portes de leur nouvel établissement quelques mois avant mon arrivée, au mois de novembre 2010.  L’école spéciale, anciennement située dans un édifice au centre-ville de Danang, partageait ses locaux avec une école régulière aussi tenue par les Sœurs de la Congréation Saint-Paul. Elle est maintenant située près de la mer, un peu à l’écart du centre-ville.

          L’école a été conçue précisément pour les enfants handicapés, bâtie sur 1 étage et munie de rampes. Les Sœurs ont fait pousser un jardin que les élèves et le personnel entretiennent régulièrement. Aussi, tous les vendredis, les élèves et les enseignants prennent un moment de leur journée pour nettoyer leur classe et le terrain de l’école. Inutile de vous dire à quel point celle-ci est propre! Les élèves mangent dans la cafétéria chaque midi, recevant un repas santé et nutritif servis par les Soeurs. Ces religieuses qui travaillent à l’école Thanh Tam habitent sur le site et sont d’une gentillesse et d’une générosité sans borne! Il est évident qu’elles sont dévouées pour ces enfants qui semblent bien apprécier leurs journées à Thanh Tam! De même pour les enseignants qui y travaillent!

Le 6 mars 2011, j’arrivais à l’école Thanh Tam avec mon sac à dos et  l’intention d’aider et d’accompagner  pendant 2 mois l’équipe des enseignants de la classe pour enfants autistes.  Dès mon arrivée, je fus reçue à bras ouverts par les Sœurs. Vu la grande demande de la part des parents, Sœur Anne, la directrice, a décidé d’ouvrir une classe spécialisée pour les enfants autistes.  Elle a exigé que les enseignants choisis suivent un cours spécialisé à ce sujet et aient un minimum d’expérience dans le domaine.  J’ai eu la chance d’arriver au moment où la classe débutait.  Travaillant auprès des enfants autistes depuis plus de 4 ans, j’ai pu offrir mon aide et mes conseils à Sœur Anne et à cette équipe d’enseignants motivés et collaboratifs!
Chaque soir après l’école et ce pendant 1 heure, les enseignants et moi nous rencontions afin de discuter de la structure à apporter à la classe pour ces enfants qui ont énormément besoin d’encadrement et d’outils visuels.  Ensemble, nous avons organisé les locaux, bâti du matériel, réalisé un horaire visuel pour les élèves et apporté structure et images aux différentes activités offertes.
Nous avons ensuite offert aux parents un programme d’information et de stimulation précoce.  Pendant 2 semaines, les parents se présentaient à l’école et participaient aux activités proposées en accompagnant  leur enfant.  Ils apprenaient à leur enseigner, en les modelant,  à rester assis lors d’une activité de groupe et à participer adéquatement.  Ensuite, on proposait aux parents un atelier d’une heure sur différents sujets : le comportement, l’autonomie, les outils visuels, les activités motrices et sensorielles, etc.  Ce projet fut bien apprécié par les parents qui se sont sentis davantage compris, moins seuls et de plus en plus aptes à aider leur enfant.
Durant tout mon projet, je dois admettre avoir reçu tout le support nécessaire de la part de Sœur Anne et des enseignants de l’école.  De plus, je n’aurais pu réaliser ce projet sans l’aide de Hoang, une jeune femme Vietnamienne et bénévole qui a généreusement accepté de me servir d’interprète pendant tout le projet!
Cette école privée, mais financée par différents organismes autant vietnamiens qu’étrangers, m’a impressionnée autant sur le plan organisationnel qu’au niveau de la compétence du personnel.  On mise énormément sur la qualification des enseignants ainsi que sur l’importance de la formation continue.  La direction et le personnel se montrent très ouverts à la nouveauté et prêts à accueillir des professionnels venant de différents pays, s’inspirant, lorsque cela est possible, de leurs idées et suggestions. Sœur Anne, accompagnée des autres Sœurs, mène ce bateau d’une main de maître, étant d’une grande patience et d’une impressionnante ardeur au travail!
En plus du projet scolaire, l’école Thanh Tam offre des sessions d’intervention précoce pour de jeunes enfants sourds.  Les Sœurs se déplacent également 1 fin de semaine sur 2 afin de se rendre dans des villages plus éloignés pour offrir des séances d’information, de la formation ainsi que des activités de stimulation précoce à ces parents et enfants souvent plus démunis.  L’école est également équipée d’une salle pour faire de la physiothérapie et de l’ergothérapie.  Des programmes de rééducation sont offerts pour certains enfants.  Lors de mon séjour, 2 jeunes femmes hollandaises sont venues offrir de la formation complémentaire en ergothérapie aux intervenants de l’école ainsi qu’à quelques parents.
Je retiens de cette expérience à l’école Thanh Tam des souvenirs inoubliables, des rires et beaucoup d’amour.  Cette vie en communauté, cette solidarité entre les Sœurs, le personnel et les élèves m’a largement inspirée et continue de me rappeler qu’avant tout pour aider, il faut aimer!

Sophie Paquin